Le temps d'après
Le 13 novembre, pendant que je postais mes petites photos paisibles d'arbres et de nature, certains se préparaient à tuer ou être tués, d'autres à faire la fête, à écouter un concert, aller au restaurant, prendre un verre. Et puis ces mondes se sont rencontrés. D'une manière incroyablement violente. Vous connaissez tous la suite. Entre mes deux notes, un gouffre. Comment dire l'indicible ? Je le peux difficilement en temps ordinaire, et encore moins avec le magma qui me sert de cerveau en ce moment, mais j'ai besoin d'essayer. Histoire d'avancer, de ne pas rester tétanisée dans les émotions. Alors juste quelques mots, très courts, car je pense que nous en sommes tous saturés, même s'il y en a de très beaux. Et puis quelques photos aussi...
Il y a le temps de la sidération, de l'effroi, de l'horreur, et des larmes. Une inconsolable tristesse en pensant à tous ceux qui ont été tués, tant et tant de jeunes qui pourraient être nos enfants ou des proches, et qui parfois le sont, leurs familles, leurs amis, mais aussi à tous les blessés, et ceux qui s'en sont sortis, mais dont la vie a définitivement changé. A Paris, et ailleurs dans le monde. A tous, je présente mes condoléances les plus sincères.
Puis le temps de la compassion, de la solidarité, de la fraternité, du besoin d'être ensemble, de partager, de faire un petit quelque chose, participer avec une bougie, un mot, une fleur. De la chaleur, de la lumière. Union des humains. De l'amour contre la haine et la folie, quelle que soit la manière d'exprimer l'un ou l'autre. Je suis allée déposer des fleurs de mon jardin et allumer ma petite flamme à Lyon, comme tant et tant, partout dans le monde...
Le temps de répondre aux questions des enfants, de leur parler de respect de la vie, respect de l'autre, de liberté, de tolérance, de résistance, de valeurs fondamentales. Mais comment répondre à leur peur ? Qui n'a pas peur pour ceux qu'il aime ? Et pourtant elle est notre ennemie, la peur, elle nous fait faire n'importe quoi, souvent...
Le temps de la réflexion, de la colère aussi, d'essayer de comprendre l'incompréhensible, cette barbarie. De ceux qui pourtant un jour ont été des enfants aussi... Pourquoi et comment sont ils devenus des assassins ?
Et puis un jour viendra le temps de contempler les étoiles en pensant à tous ceux qui sont partis, et en rêvant d'un monde en PAIX. Imagin, oui... On va sourire encore. Mais ce sera très long.
En attendant, on va continuer à vivre, écouter de la musique, à chanter même faux, à boire des verres aux terrasses des cafés, à faire la fête, et des photos, et même des photos de nu, puisque je dois faire partie des perverses et des idolâtres qui ont été visés, à beaucoup, beaucoup, s'aimer. A ne pas amalgamer. A être libres. A se souvenir que la vie est courte. A chercher les lumières de l'ombre.
Et puis pourquoi pas, passer son brevet de secouriste. En tout cas moi je vais le faire. Qui sait, un jour ça pourra servir...
Prenez soin de vous et de ceux que vous aimez.
Et pour terminer quand même sur un sourire...
Nb : Le modèle sur la première photo est Katarzyna, une photo que j'avais éliminée mais que je suis allée repêcher pour l'occasion, merci à elle. La dernière photo a déjà été publiée sur mon blog il y a longtemps, mais je l'ai légèrement modifiée pour qu'elle exprime ce que je veux dire. Quant à la dernière image, je l'ai trouvée sur le net sous différentes formes, mais j'ai volé cette dernière version ici.