17 novembre 2015
Le temps d'après
Le 13 novembre, pendant que je postais mes petites photos paisibles d'arbres et de nature, certains se préparaient à tuer ou être tués, d'autres à faire la fête, à écouter un concert, aller au restaurant, prendre un verre. Et puis ces mondes se sont rencontrés. D'une manière incroyablement violente. Vous connaissez tous la suite. Entre mes deux notes, un gouffre. Comment dire l'indicible ? Je le peux difficilement en temps ordinaire, et encore moins avec le magma qui me sert de cerveau en ce moment, mais j'ai besoin d'essayer. Histoire d'avancer, de ne pas rester tétanisée dans les émotions. Alors juste quelques mots, très courts, car je pense que nous en sommes tous saturés, même s'il y en a de très beaux. Et puis quelques photos aussi...
Il y a le temps de la sidération, de l'effroi, de l'horreur, et des larmes. Une inconsolable tristesse en pensant à tous ceux qui ont été tués, tant et tant de jeunes qui pourraient être nos enfants ou des proches, et qui parfois le sont, leurs familles, leurs amis, mais aussi à tous les blessés, et ceux qui s'en sont sortis, mais dont la vie a définitivement changé. A Paris, et ailleurs dans le monde. A tous, je présente mes condoléances les plus sincères.
Puis le temps de la compassion, de la solidarité, de la fraternité, du besoin d'être ensemble, de partager, de faire un petit quelque chose, participer avec une bougie, un mot, une fleur. De la chaleur, de la lumière. Union des humains. De l'amour contre la haine et la folie, quelle que soit la manière d'exprimer l'un ou l'autre. Je suis allée déposer des fleurs de mon jardin et allumer ma petite flamme à Lyon, comme tant et tant, partout dans le monde...
Le temps de répondre aux questions des enfants, de leur parler de respect de la vie, respect de l'autre, de liberté, de tolérance, de résistance, de valeurs fondamentales. Mais comment répondre à leur peur ? Qui n'a pas peur pour ceux qu'il aime ? Et pourtant elle est notre ennemie, la peur, elle nous fait faire n'importe quoi, souvent...
Le temps de la réflexion, de la colère aussi, d'essayer de comprendre l'incompréhensible, cette barbarie. De ceux qui pourtant un jour ont été des enfants aussi... Pourquoi et comment sont ils devenus des assassins ?
Et puis un jour viendra le temps de contempler les étoiles en pensant à tous ceux qui sont partis, et en rêvant d'un monde en PAIX. Imagin, oui... On va sourire encore. Mais ce sera très long.
En attendant, on va continuer à vivre, écouter de la musique, à chanter même faux, à boire des verres aux terrasses des cafés, à faire la fête, et des photos, et même des photos de nu, puisque je dois faire partie des perverses et des idolâtres qui ont été visés, à beaucoup, beaucoup, s'aimer. A ne pas amalgamer. A être libres. A se souvenir que la vie est courte. A chercher les lumières de l'ombre.
Et puis pourquoi pas, passer son brevet de secouriste. En tout cas moi je vais le faire. Qui sait, un jour ça pourra servir...
Prenez soin de vous et de ceux que vous aimez.
Et pour terminer quand même sur un sourire...
Nb : Le modèle sur la première photo est Katarzyna, une photo que j'avais éliminée mais que je suis allée repêcher pour l'occasion, merci à elle. La dernière photo a déjà été publiée sur mon blog il y a longtemps, mais je l'ai légèrement modifiée pour qu'elle exprime ce que je veux dire. Quant à la dernière image, je l'ai trouvée sur le net sous différentes formes, mais j'ai volé cette dernière version ici.
Commentaires
Même émotion que toi et que bien d'autres. Ta première image est percutante et colle formidablement au sujet. Comme toi je suis vide et si je m'étais écoutée hier, j'aurais carrément viré mon blog tant je trouve vaine ma petite participation à ce monde en folie à côté de ce qu'on vécu ces pauvres gens assassinés gratuitement.
Bel hommage
Merci pour ce bel hommage aux victimes et à la vie.
Pour être complet, mes pensées vont aussi aux héros qui vont combattre le mal là où il prend racine, quel que soit leur pays. Pour nous protéger, certains le payeront de leur vie et ne reverront pas leur famille. Il est triste d'en arriver là...Je me sens bizarre, depuis samedi matin. Je ne ressens rien. J'ai mal mais sans douleur, sans larme. Déception, chagrin : l'humanité me déçoit. Rien n'est plus comme je croyais que cela serait. On continuera à vivre. J'ai partagé un repas samedi soir avec des amis, une séance de ciné, dimanche, appelée par une amie. Peut-être que c'est cela qui nous restera : nos proches et l'amitié.
Pastelle, avec des mots de tous les jours, tes mots qui venaient du cœur , tu as su parler à notre cœur !
Un langage de vérité est un lien puissant ,une fraternité et un partage.
Par ton message, pour un instant ,nous nous sommes sentis réunis. Nous n'étions plus seuls enfermés dans notre désarroi et notre peine.
Nous étions ensemble.
Merci pour ton mot de la fin, ce sourire " comme un soleil levant ".....Je crois que nous avons tous besoin d'exprimer notre effroi... Je vois déjà que certaines personnes refuse d'en parler, refuse de croire que ce n'est pas fini, terminé derrière nous... Ca ne sert à rien de refaire l'autruche comme nous le faisions depuis des années où en tous cas depuis janvier. Plusieurs fois sur Inter j'ai entendu des "experts" dirent que nous devions nous attendre à des attaques terroristes majeures... Mais je ne voulais pas y penser...Il faut bien voir les choses en face. Certes nous sommes tous saturés. Mais se taire n'effacera rien, autant en parler et s'habituer à une situation qui ne va pas se terminer du jour au lendemain. Enfin je crois. Merci en tous cas d'en avoir parler. Moi je sature de ne pouvoir en parler. Je ne croise que des gens qui font semblant de rien...
Après le temps de l'abattement et de l'effondrement vient le temps de se relever, parce que si nous restions trop longtemps à terre, ça leur ferait bien trop plaisir à tous ces barbares qui tuent au nom d'AIlah ! Comme si un dieu, quel qu'il soit, pouvait exiger que l'on tue en son nom : quels imbéciles, ils n'ont rien compris à la religion !
Alors oui, malgré notre tristesse, tous unis et soudés dans un même élan d'humanité, nous allons reprendre le cours de nos vies et continuer à vivre, par respect pour tous ceux dont la vie s'est arrêtée ce vendredi 13 novembre, et par respect pour leurs proches dont la vie aussi a été brisée... Nous allons continuer à faire de la photo et tout ce que nous aimons faire parce que chez nous, la liberté s'écrit en lettres d'or ! Merci à toi et prends bien soin de toi également...Tu as bien fait de rompre le silence, en mots et en images... tout est tellement beau !
Je crois que le plus important dans l'après que nous vivons est de montrer la Vie, sous toutes ses formes, la beauté de ce qui nous entoure, et que ce sera notre plus bel hommage à ceux qui ne sont plus.
"Vous n'aurez pas ma haine", a dit Antoine Leiris...
Je sais combien c'est difficile pour ceux qui ont perdu ceux qu'ils aimaient, mais après avoir lu ses mots à lui, l'avoir entendu, je sais qu'il a raison. Il faut continuer à vivre et à montrer que nous sommes debout, encore, malgré tout.
Merci pour tes lumières de l'ombre, ce sont les plus belles.
Prends bien soin de toi.
Je t'embrasse très fort.Vie
J'ai été touchée par ton article, la vie existe même au delà de la vie. J'aimerai m'exprimer sincèrement, dire que chaque chose a une raison, notre humanité, notre planète a besoin de s'élever, soyons au dessus, relevons-nous sans nous battre, pour le monde futur, nos enfants, j'aimerai que mes fils un jour puissent dire qu'ils ont vécu quelque chose d'inexplicable, mais que finalement avec du recul, tout cela nous a rendu bien plus fort et dans l'harmonie solidaire, sans rentrer dans des rassemblements où l'on pleure à ne plus s'arrêter, sans affiches "mouton", vivons chacun à sa façon, personne n'est exemple, chaque âme vit autrement les choses. Ce qui me fait réfléchir, c'est le mot : "mouton". Trop d'amalgames, trop de personnes qui n'ont pas de personnalité et qui imitent leur voisin, ou ami Facebook, à mettre les couleurs de la France, mais ils le font par copiage. J'aimerai le réveil de ces personnes là. J'aimerai aider ces gens, car ils sont encore loin de ce que nous devons être un jour. Je m'excuse d'avoir blessé ou énervé quelqu'un, je ne voulais pas. Je me suis laissée aller à dire mon ressenti du plus profond de mon âme.
Merci de comprendre.Ils étaient toujours jeunes, ils étaient tous beaux, ils aimaient la vie, nous ne les connaissions pas mais leur mot brutale ou leurs souffrances à jamais nous bouleversent profondément. Nous voudrions les réconforter, les serrer dans nos bras, leur dire que tout cela n'était qu'un mauvais rêve, mais nous restons impuissants, avec nos mots qui ne sortent pas, nos photos qui disent notre peine et notre solidarité. Merci pour ce billet dans lesquels nous pouvons nous reconnaître. Non, le monde n'a pas encore basculé dans la barbarie. Tu le prouves, par tes mots, tes photos. Merci !
après une telle tragédie, on se sent dépouillé, nu, désemparé, dans la totale
incompréhension ! une immense tristesse et le chaos dans la tête !
je ne cesse de penser à ces jeunes qui aiment la musique, boivent un verre en
terrasse parce que le temps est doux, ou se font un petit resto............fauchés...
et aux familles, amis, dont je n'ose même pas imaginer le désarroi !
en me relisant je me rends compte que je parle d'eux au présent ! je laisse...
comme le dit le dernier petit mot ! on ne tremble pas nous, on vit ... pas eux et
je les plainsCe soir au club photo on a passé de tout comme genre photo. Dont un des membres qui aime bien le "nu", habillé ou pas. Je n'aime pas en principe, car trop "facile", mais la votre du début ,j'aime beaucoup. Tout dans la finesse et la suggestion en restant pondéré. Bravo. Je ne reviendrai pas sur le sujet traité.
Comme après un deuil
Tout ce qui s'est passé depuis vendredi passé me laisse pas mal dans le doute. Naturellement, on ne comprend pas. Après quelques jours, une autre impression désagréable. Les médias nous rabâchent les témoignages. Les images des fleurs, les bougies. J'ai quelque part l'impression que beaucoup de ces manifestations sonnent faux. Les "je n'ai même pas peur" sont presque dérisoires. Ça me fait penser à ces gens qui se croient obligés après une sépulture de présenter des condoléances vides de sens. La tristesse se passe de mots. Naturellement ceci ne s'adresse pas à tes mots à toi.
Les fêtes du 8 décembre sont mises entre parenthèses en cette fin d'année douloureuse et dramatique. Il n'en este pas moins la beauté de la ville que j'ai très bien connu et l'engouement de sa population. Mais il faut persévérer! La première photo est envoûtante. Merci pour votre petit mot laissé dernièrement!
Si ...
... tout, dans la réalité, les blogs, nous tous, ce qu'on a vu, lu, entendu, pleuré, étreint, pouvaient repousser les forces du mal, quand je vois tte cette force d'amour et de solidarité des gens "normaux", fraternels "naturellement" quand je vois tt ça je rêve l'espoir encore, mais j'ai tant, tant de mal à y croire. J'en parle de travers tiens. Tes deux billets à toi, celui-là et le suivant, sont doux et beaux et je les aime.
Ce 13 novembre
Je ne serais pas aussi radicale dans la sentence de notre Patrick ;>)... Ce serait trop beau de pouvoir éliminer ses arriérés d'un seul coup d'un seul. Talentueuse Pastelle continue plus que jamais de nous faire partager toutes ces belles images de la vie que tu sais si bien filmer. et montre à ces enfoirés nos corps nus de femmes libres
J'aime beaucoup ta première photo, mais tu ne m'en voudras pas je le sais de te dire que dans ma propre sensibilité elle ne convient pas à ton propos. Cette sublime femme illustre trop l'acceptation et la zénitude.
Tiens bon, Pastelle.