C'est l'histoire d'un immeuble qui va être démoli. 
C'est l'histoire d'artistes à qui on donne carte blanche dans les appartements au fur et à mesure qu'ils se libèrent. Avec un souhait mais non une obligation : Illustrer le thème de la mémoire, pour les habitants qui ont vécu là. 
En fait il s'agit bien d'appartements et pas seulement de chambres, mais j'aimais bien ce titre. 
Nous sommes à Rillieux la Pape, à 10 km de Lyon. 

Je ne vais mettre que peu de photos, car je ne voudrais pas gâcher le plaisir des lyonnais à venir découvrir cet endroit, mais quand même leur donner envie d'y aller. Allez y, je vous assure que vous ne le regretterez pas. Nous avons visité 10 appartements, et il y a 10 photos. Il n'y a pas d'images de tous, car certains me parlaient plus que d'autres, et j'en réserve aussi pour une seconde note. 

Avec un merci tout particulier et chaleureux à notre accompagnateur, Nemanja, ou Nem, responsable de la résidence artistique et coordinateur du projet, qui a rendu cette visite absolument passionnante ! Sans lui, on serait passés à côté de l'essentiel. D'habitude je n'aime pas les visites guidées, mais là il était indispensable. De plus il a expliqué et ensuite nous a laissés libres, mais il a répondu aussi à toutes les questions, il est incollable. Juste parfait ! 

Satr est un peu la star de l'expo, la plus connue internationnalement. C'est une artiste chinoise, et pour rester fidèle aux traditions de son pays, elle n'utilise que 3 couleurs, le noir, le blanc et le rouge. Exceptionnellement là elle a ajouté le gris. Ici une grue, symbole de longévité, un des animaux les plus appréciés en Chine. Ses oeuvres sont réalisées en une seule fois, sans retouches, et avec un seul type de bombe (Désolée je ne connais pas les termes techniques, je vais apprendre). D'après Nemanja, quand elle peint, elle semble danser.. Ça doit être joli ! 

Pendant dix ans elle n'a peint que des félins, alors je vais quand même en mettre un... 

Abys2fly est le premier artiste à avoir personnalisé un appartement. Il est français. Il a respecté ce thème de la mémoire dans toutes les pièces, et l'endroit est très riche, mais je vous présenterai seulement cette guitare. Hommage à et souvenir de son grand père qui était musicien et qui est décédé peu avant cette réalisation. Une illustration qui fait le lien entre la vie et la mort. Les oiseaux dits "pioupious" font partie de sa signature artistique. Il est d'ailleurs le seul à signer ses oeuvres, pour tous les autres la signature est seulement sur la porte des appartements. Avec un clin d'oeil à Eric et ses guitares... 

Mac Lloyd est luxembourgeois. "Le message de l’œuvre est qu’il ne faut pas craindre l’inconnu et le futur, mais il faut l’accueillir à bras ouverts." Ses réalissations montrent différents animaux, qui pour lui sont associés au passé, au présent, ou au futur. Le martin pêcheur est dans le futur car il doit sans cesse penser à manger, donc à l'après. Il doit anticiper sans cesse, les mouvements de l'air, de l'eau, du poisson à attraper. 

Le pélican représente selon l'auteur à la fois le passé, car il se souvient des endroits où il a déjà trouvé du poisson, le présent quand il pêche, et le futur car il garde de la nourriture dans sa poche pour plus tard

Jack Lack est allemand. Il joue avec le flou, il joue avec nous et notre perception. Mon appareil photo est plus performant que mes yeux, les photos montrées ici sont plus nettes qu'en réalité. Pour que notre oeil puisse s'accrocher à quelque chose certains éléments sont très nets. En  photo ce serait l'oeil, ici c'est un cordon, un bouton... Et les traits. Les personnages représentent des habitants de l'immeuble. 

Encore une image de lui car c'est à peu près le seul moyen pour moi de photographier des oiseaux ! ;) 
Ici le portrait de celui qui a profité d'une fenêtre restée ouverte pour venir faire son nid dans l'appartement. 

Iota est belge. Elle a choisi de représenter le thème du deuil, chaque pièce dépeint une étape différente du processus de deuil. Ici après la colère et le déni nous arrivons au stade de la dépression et de l'errance. Bien sûr chaque pièce a une couleur différente. Mais j'adore les teintes de celle là... 

Ici il s'agit d'un couple brésilien, Raul Zito et Clarisse Veredes. Lui fait des collages, parce qu'en street art au Brésil il faut aller vite, et elle a peint. Donc lui à gauche elle a droite. Le portrait représente Franz Fanon, une figure majeure de l'anticolonialisme. Là aussi tout l'appartement est très riche, il faut y aller ! 

Kos Dos est vénézuélien. Pour lui le street art est un accès à la culture pour ceux qui n'ont rien d'autre que la rue, comme ce fut le cas pour lui dans son enfance et son adolescence. Il a souhaité que notre accompagnateur de nous dise rien de sa démarche, alors à chacun de voir ce qu'il veut. Mais bien sûr la pomme nous fait irrésistiblement penser à Magritte et au surréalisme. 

J'espère que la petite visite vous a plu. J'espère avoir donné aux lyonnais(es) envie d'y aller. Il faut s'inscrire là. J'espère avoir été fidèle aux explications de Nem. Je me suis retenue de ne pas mettre plus d'images, ça aurait mérité... Mais il y aura un autre article, plus tard, quand les prochains appartements seront ouverts, et encore plus tard, quand il n'y aura plus de risque de divulgâcher... 

Et une dernière ligne pour présenter Spacejunk, les organisateurs du projet Street Art Rillieux.