21 mai 2015
A l'Opéra, Premières, en apesanteur
Samedi dernier j'ai eu la grande chance d'assister à une répétition de danse à l'Opéra, grâce à l'Opéra de Lyon et au Petit Bulletin où j'avais posé ma candidature pour faire partie de leur "brigade du ballet". Douze personnalités diverses pour présenter au final des photos, vidéos, dessins, aquarelles et textes. Trop contente d'en avoir fait partie ! Quatre heures de bonheur total...
Mais comment retranscrire cela ? On nous a demandé de "raconter, via notre forme d’expression privilégiée et avec notre sensibilité, ce que nous avons vécu et retenu de cet après-midi". Le tout avec dans l'idéal 10 photos. Mission impossible ! Je vais tricher honteusement en mettant d'autres photos dans un album, et essayer de vous raconter...
D'abord nous avons visité l'Opéra, 18 étages en tout, 12 en haut et 6 en bas. Nous avons vu le studio de répétition avec les décors, le studio de musique, le couloir des loges, la grande salle de spectacle et ses coulisses, le somptueux grand foyer, des couloirs encore, et enfin nous sommes arrivés au studio du ballet, tout en haut. Rien que pour ça j'étais heureuse, j'en avais souvent rêvé en passant en bas et en levant le nez vers le ciel, en me disant que la vue sur Lyon devait être magnifique. Elle l'est, mais la salle aussi...
Et puis il y a eu les danseurs, venus rendre le lieu vivant et magique. Personnellement, je ne connais pas grand chose à la danse, je sais juste que je pourrais regarder danser pendant des heures, toutes les danses, pour le plaisir des yeux, des mouvements, des lignes et des courbes, pour la grâce, pour la beauté... Comme ici.
Par contre, lui, il s'y connaît. Oeil de lynx et petit carnet bleu pour tout noter, je vous présente Tadayoshi Kokeguchi, le chorégraphe du premier ballet, une création pour 8 danseurs. Le thème de sa pièce m'a fait penser à la série de photos "Chairs de terre" d'Alain Rivière-Lecoeur, présentée à Arles, dont le sous titre était "Genèse des corps entrelacés". Ici l'auteur essaie d'exprimer la manière dont des corps emprisonnés dans la pierre pourraient s'en extraire. La coïncidence est troublante.
L'extraction est lente et difficile, mais belle...
Certains restent figés encore, d'autres s'animent
Les danseurs deviennent des acteurs, totalement pris dans leur rôle, les expressions sont magnifiques... Il y en a d'autres dans l'album, mon choix a été affreusement difficile...
Danse contemporaine et danse classique, je ne sais pas où est la limite, s'il y en a une
Il y a ceux qui restent englués dans la terre, certains qui essaient d'en sortir, et d'autres qui s'envolent.
Mais il est difficile de retranscrire en photos un spectacle de ballet. Une autre participante aux brigades du ballet, Julie Combe, a fait une courte vidéo, je vous la recommande vivement. Car en plus il y avait la musique... Clic.
Ceci contrairement aux apparences n'est pas une figure de danse, c'est un câlin entre deux danseurs, après deux heures de répétition, entracte !
Deux des danseurs ont eu la gentillesse de se joindre à nous un instant pendant leur pause, alors que pourtant ils font aussi partie de la répétition suivante, et de répondre à nos questions. J'en ai profité pour faire des portraits. Après tout, c'est ça mon moyen d'expression favori. ;)
Ce joli sourire est celui de Caelin Knight, qui en réponse à la question "Est ce que tu pratiques un autre sport ?" a répondu : "J'ai un enfant de 2 ans, ça me suffit comme sport !" :)
Raul Serrano, qui vous pouvez le voir sur les photos présentées ici ou celles de l'album, passe sa vie en l'air, met la même concentration à nous écouter et nous répondre que dans sa danse. Entre deux éclats de rire. :)
Puis les entraînements reprennent après cette courte pause.
Le chorégraphe de la pièce suivante, pour 13 danseurs et 4 musiciens cette fois, est Franck Laizet, qui dirige avec ses béquilles car il s'est gravement blessé lors d'une répétition précédente. Cette danse est beaucoup plus dynamique et joue plus sur les mouvements d'ensemble.
L'orchestre et la musique nous donnent à tous envie de danser avec eux.
Et Raul est toujours en apesanteur...
Les autres aussi, à l'unisson
Moi aussi j'ai passé cet après midi en apesanteur, un temps suspendu dans la grâce et l'émotion.
Merci à Pierre-Henri Alquier, qui nous a accompagnés, guidés et a répondu à toutes nos questions pendant ces 4 heures, et aussi à Benjamin Mialot, rédacteur en chef du Petit Bulletin. J'espère qu'on peut postuler deux fois, c'était trop bien !
Et j'ai hâte de voir le spectacle final, auquel nous sommes tous conviés. Que du bonheur !
L'album est en ligne ICI, je rajouterai quelques photos encore ultérieurement, car je n'ai pas tout traité de la première partie. Pour les voir en grand il faut cliquer sur diaporama. Aussi sur un album Picasa, où elles sont plus grandes et mieux rangées qu'ici.
Commentaires
Je comprends ton bonheur d'avoir pu accéder à ce lieu sacré, j'ai eu la même chance il y a des années au Palais Garnier à Paris et c'est resté gravé dans mon coeur.
Ton reportage est extra et j'ai cliqué sur l'album pour voir la totalité de tes images. Non seulement les scènes de danse sont belles mais tes portraits aussi (j'adore la photo 6 de cette série pour le geste et l'expression de la jeune femme). Merci d'avoir partagé avec nous ce moment fantastique.Après avoir feuilleté ton album je comprends que tu aies eu beaucoup de mal à faire ta sélection de 10 photos........et quelques.
Une constante dans toutes ces photos, la qualité de celles-ci.
Coup de ♥ pour la sixième de cette série parce que j'aime beaucoup son teeshirt............et aussi pour ce que dégage ce petit bout de femme.“Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse”
Salut Sophie,
La photographie de la jeune femme au bras levé sort indubitablement du lot, non qu'ici tes portraits soient en dessous de ce que tu maîtrises ou aimes le plus. Mais voilà, c'est comme cela : cette photo insuffle plus qu'elle ne montre.
L’expression scénique, ainsi photographiée, me fait penser à la sculpture. Les limites de la danse ne peuvent être que corporelles, ce qui fait d’elle un universalisme aussi important que celui de donner la vie.
Bien à toi…Allez, soyons honnête , car après tout, je ne me permet aucun jugement mais je vais simplement dire mon "perçu" et mon "ressenti" par rapport à la danse et à ton post. Je n'aime pas ce qui est dur, ce qui est brutal, saccadé. Tu comprends donc que tout ce qui m'attire et me plait réside dans la spontanéité d' une seule photo et une seule ligne : Caelin.
Merci Sophie de nous faire partager ta découverte. Que dire... Beaucoup d'émotions en observant toutes tes photos, les regarder ne m'a pas suffit, je les ai vraiment détaillées. Je suis quand même stupéfaite que certains dansent en chaussettes, le sol a l'air bien glissant pourtant.
Tes commentaires sont précieux et me font adorer "le câlin". Je vais aller découvrir les liens que tu nous laisses. J'imagine que la sélection a été difficile. La première photo nous met tout de suite dans l'ambiance, je la trouve magique. Une chouette expérience que j'aurai bien voulu partager à tes côtés.J'ai failli dire que tu avais bien de la chance d'assister à ces répétitions, mais ce n'est absolument pas de la chance mais un juste aboutissement de ton travail. Et la preuve qu'ils ont eu raison de te choisir c'est que tes photos rendent merveilleusement la danse. Les portraits sont très réussis (comme d'hab), le sourire de Caelin parfait, le calin est magique mais les photos de danse ... quelle force !
Alors que l'opéra ne me fait pas du tout rêver, je trouve cette série photos superbe ! J'ai failli zapper ce post et ç'aurait été carrément dommage, tellement je suis agréablement surprise. Alors merci beaucoup beaucoup pour cette jolie découverte, qui me donne une autre vision d'un art qui ne me passionne pas de prime abord (je parle juste de la danse classique, et pas de la danse en général...). Bravo d'avoir réussi à me faire rêver avec quelque chose qui d'ordinaire ne me fait pas rêver du tout...
Bonjour Pastelle,
Cet article m'a émue au plus haut point car j'ai été moi-même danseuse classique pendant 8 ans. Tu m'as ramenée à une période de ma vie, qui a pris fin tragiquement, ou chaque moment passé à danser était pur bonheur mais aussi souffrance physique voulant toujours me dépasser. Ces photos retranscrivent excellemment un monde à part pour moi. Je suis allée voir la vidéo de Julie Combe et là j'ai carrément pleuré, la musique qui accompagne les danseurs est pure merveille. Merci d'avoir pu rentrer dans ce monde qui pour moi était passion et d'avoir partagé avec nous.
Beau reportage
!!!