30 novembre 2022
La part manquante
"La part manquante" c'est le titre d'un livre de Christian Bobin. Il parle de la part arrachée au coeur de toute mère le jour où l'enfant qu'elle a vu grandir et qu'elle aime toujours autant qu'au premier jour, s'en va voler de ses propres ailes... La part manquante, c'est ce fauteuil, cette chaise, qui demeurent inoccupés... Cette blessure qui saigne toujours un peu. Ou beaucoup.
Mais Christian Bobin, malgré sa mort récente, est une part présente. Je l'ai souvent cité, car c'est tout ce qu'on peut faire, on ne peut pas parler de ses livres, puisqu'ils disent des choses différentes à chacun de nous... Les mots de Bobin ne se racontent pas ils se savourent. Mais je crois qu'on sort toujours apaisé et grndi de leur lecture. Comme si quelqu'un était là au bout du chemin, à nous parler de la beauté du monde, et de sa fragilité aussi...
"L'écriture est la soeur cadette de la parole. L'écriture est la soeur tardive de la parole où un individu, voyageant de sa solitude à la solitude de l'autre, peuple l'espace entre les deux solitudes d'une voie lactée de mots."
"Ce qui ne peut danser au bord des lèvres s'en va hurler au fond de l'âme."
"Nous n'habitons pas des régions. Nous n'habitons même pas la terre. Le coeur de ceux que nous aimons est notre vraie demeure."
"Devant ce que la vie a de plus cruel, toutes les pensées parfois s'effondrent, privées d'appui, et il ne nous reste plus qu'à demander aux arbres qui tremblent sous le vent de nous apprendre cette compassion que le monde ignore."
Les photos ont été prises au Monastère de Brou, à Bourg en Bresse. Ce dernier est aussi en quelque sorte une part manquante, puisqu'il a été construit par Marguerite d'Autriche suite à la mort de son mari Philibert le Beau, pour abriter leurs tombeaux...
"Un vrai livre, c'est toujours quelqu'un qui entre dans notre solitude."
"Et c'est quoi, la fin d'un livre.
C'est quand vous avez trouvé la nourriture qu'il vous fallait, à ce jour, à cette heure, à cette page."
Au revoir, Monsieur Bobin. Mais vous êtes là, toujours, pour tant d'entre nous, au détour d'une page et dans nos coeurs.
Commentaires
un très bel hommage émouvant à cet auteur que j'ai beaucoup lu dans le passé quand j'étais plus jeune, et sans doute il m'a donné assez de force pour m'ouvrir à autre chose. Je pense qu'à présent je suis prête pour le relire...en tous les cas tes extraits m'en donnent envie. Bises et merci pour ce beau partage
Bon, je suis peut-être une mauvaise mère mais j'ai été soulagée quand mes 4 enfants sont partis vivre leur vie d'étudiants. Ce serait plutôt maintenant que j'aimerais habiter non loin de l'un d'eux, ce qui n'est pas le cas, ils sont si dispersés. Tes images sont belles et collent bien au texte et tu me donnes envie de lire son œuvre.
Christian Bobin, à travers son œuvre, nous invitera toujours avec une belle générosité à comprendre la part manquante de notre vie, celle qui relève du merveilleux et de l'obscur. Ces mots d'une grande sensibilité nous soignent de la tristesse. Il faisait jaillir la lumière de l'obscurité. Son humanité va profondément nous manquer mais ces écrits nous accompagneront toujours. Il disait "Entre la vie et la mort s'installe un rideau de neige".
Merci Monsieur Bodin de m'avoir apaisée dans des moments de grand chagrin , merci à toi Sophie de lui rendre ce si bel et lumineux hommage.Pour ma part, ce sont surtout tes photos du monastère qui m'apaisent et me font du bien.
Je n'ai jamais accroché à l'écriture de Bodin, malgré quelques tentatives. (je fais tâche dans le tableau des hommages...) Elle m'a toujours semblé fabriquée sur mesure selon les besoins éditoriaux, intellectuelle et somme toute banale. Mais bon, paix à son âme, si la chose existe. Mais surtout que tu continues à nous offrir des lumières de l'ombre.à jamais
La part manquante , c'est la douleur de Marguerite d'Autriche
après la mort accidentelle de son époux Philibert le Beau
la blessure est figée dans leurs tombeaux
le marbre garde le fantôme de leur amour .
( Je suis passée à Brou , il y a longtemps , j'ai été émerveillée )
maintenant il me reste à découvrir Christian Bobin .
Je t'embrasseBonjour Pastelle
Tu nous amènes dans les mots de cet écrivain poète tout en cheminant sur tes superbes photos.
Le lieu est serein et me rempli de zénitude pour déguster chaque pensée en partage avec une grande simplicité. Merci
Belle journée ici le bleu du ciel se mêle à la froidure du temps.
Bonne entrée en décembre
Bisousbien le bonjour du solognot
Cette part manquante n'a pas été ressenti chez nous pater a expliqué à ses enfants grandissant vers l 'âge de douze ans quand la majorité et les études les feront partir du nid provisoirement avec les hautes écoles et facultés , définitivement lors d'une recherche de travail , que cette séparation était nécessaire pour eux ou elles en vie professionnelle et affective , le lien toujours présent via mobile et visites .Le jour de leur dix- huit ans ,pater a dit vous êtes majeur majeures , et responsables de vos actes ,nous serons toujours là pour vous au cas où .
La part manquante, je l'ai vécue quand ma fille est partie, en 1998, elle avait 21 ans, avec son amoureux. Un vide s'est installé dans la maison, nous étions 4, nous n'étions plus que 3 avec mon mari et mon fils. Il y a 5 ans c'est mon mari qui est décédé. Je n'ai jamais lu de livre de cet auteur. Merci pour la découverte et les extraits que tu donnes en citations. Bonne soirée, bises.
le départ
Très beau billet tant pour les photos que pour les citations bien choisies.
Ce départ d'un enfant de la maison me semble être une très belle réussite pour des parents aimants. C'est le plus beau résultat à mon avis d'une éducation d'amour et de liberté pour ses enfants.
Voir son enfant prendre son envol et vivre sa vie doit nous faire voir le vide laissé comme une marque d'amour que nous donnons à notre enfant.
La liberté et l'amour de la vie ce qui me semblait être le sens de cet auteur.
Il y a d'autres départs qui sont plus définitifs et qui eux sont bien difficiles à vivre.
Bel hommage accompagné de magnifiques photos et de douces paroles.
BisesQuel bel hommage ! Je lis beaucoup depuis que je suis toute jeune et j'ai donné le goût de la lecture à mes enfants . Je ne connais pas cet auteur que grâce à toi je découvre . je vais m'empresser de trouver son livre .
C'et dur en effet de voir nos " petits " voler de leurs propres ailes ; mais on s'habitue et ils reviennent plus nombreux .....
Le monastère est de toute beauté . Bonne soirée Pastelle ; bises de mon îleEn passant par Brou
Je suis aussi sensible à cette part manquante, surtout fiscalement parlant !
Je passais par là voir si on ne pouvait pas échanger nos bancs, le tien bien plus pratique comme dit ailleurs.
Très chouettes tes vues plongeantes et en profondeur de ce monastère. J'adore l'avant dernière avec en premier plan ces colonnes qui font comme un rideau s'ouvrant sur le spectacle de cette ample et majestueuse nef ... Elle n'a pas fait les choses à moitié la Marguerite !Tes photos sont sublimes de respiration paisible, bienfaisante. Tes citations choisies aussi. Je ne connais Bobin que par citations interposées, tant chacune me semble se suffire à elle-même, telle celle-ci, que j'ai retrouvée sans peine :
"J'ai toujours craint ceux qui ne supportent pas d'être seuls et demandent au couple, au travail, à l'amitié voire, même au diable ce que ni le couple, ni le travail, ni l'amitié ni le diable ne peuvent donner : une protection contre soi-même, une assurance de ne jamais avoir affaire à la vérité solitaire de sa propre vie. Ces gens-là sont infréquentables. Leur incapacité d'être seuls fait d'eux les personnes les plus seules au monde." (L'épuisement).
Elle me parle tant, avec tant de clarté qu'elle ne demande même pas de développement.
Pour ce qui est de l'enfant qui quitte la maison, j'ai élevée la mienne avec une conscience aigue de sa non-appartenance à son père comme à moi. Et elle a été très tôt très indépendante. C'est essentiel, cet amour immense, inconditionnel qui n'est surtout pas possession. Ma fille est passée à travers moi, elle vit sa vie, je vis la mienne, tout va bien. Et quand on ne s'est pas vues depuis longtemps, se prendre dans les bras, marcher ensemble, ça reste un des grands bonheurs de la vie.
Je crois que quelque part Christian Bobin parle du manque comme une lumière. C'est peut-être là son essence ♥♥♥Merci
Un hommage éblouissant où les mots de l'écrivain fusionnent avec tes magnifiques photos...
merci pour ce moment magique
une citation qui va bien avec ta page:
"Je voulais attraper la vie, l'attraper avec des mots comme j'attrape des images avec mon appareil photo. Fixer l'immatériel, les attitudes, les contradictions, ces choses infimes qui passent comme une ombre dans un regard. Les fixer pour mieux les démasquer, mieux les comprendre et les partager... "Christine Orban.Je n'ai pas souffert du départ de mes enfants, je les ai aidés et encouragés. J'ai souvent dit que j'avais fait mon possible pour leur façonner des ailes afin qu'ils puissent voler, seuls. Et c'est ce qu'ils ont fait en partant en Erasmus pendant leurs études puis en vivant leur vie d'adulte. Ce n'est pas pour ça qu'on s'éloigne, surtout avec les technologies modernes 😊 Et puis il y a les petits-enfants maintenant, c'est une autre étape importante de nos vies...
Merci pour ces jolies photos et citations d'un auteur attachant.
J'ai été peiné de sa disparition, lui qui n'a jamais disparu de son lieu de naissance... Toi qui connait mon athéisme forcené
Tu va être surprise de savoir que c'est le seul auteur dont la religiosité ne m'agaçait pas. RIP et bisous à toi.