23 janvier 2016
Mémoires de l'ombre
"Mémoires de l'ombre" est le titre d'un recueil de poésie. "Regret des oiseaux" est un extrait de cet ouvrage, dont l'auteur est Marcel Béalu. Vous pouvez le lire ici.
Je ne sais pas si vous préférez la lecture de haut en bas...
Ou de bas en haut ?
Ou encore en noir et blanc et dans un autre cadrage ?
L'ensemble se trouve dans un parking à Villeurbanne. J'ai voulu me renseigner sur le créateur. Wikipédia me dit qu'il s'appelle Philippe Favier, qu'il est un "artiste peintre et graveur, spécialisé dans les miniatures et les petits formats en noir et blanc". Ca m'a fait sourire, je me suis dit que là il s'était rattrapé de ses miniatures, avec ce poème de 20 mètres de haut ! L'artiste est multiple et atypique.
Mais quel plaisir que de trouver de l'art et de la poésie par surprise quand on va se garer !
Clic pour lire le texte tel qu'il est présenté.
Mais je vous ai recopié le poème, je me suis dit qu'après tout ce boulot, ça valait bien la peine que je tape quelques lignes. C'est moins fatigant à lire. J'ai seulement rajouté quelques respirations. :)
"Ma tour était un phare englouti sous les eaux.
Devant ses feux éteints et ses miroirs brisés, inutile guetteur je pouvais voir parfois, traversant les profondeurs opaques pleuplées de lémures, un grand navire aux flancs troués se poser sur un lit de bulles roses.
Loin de la nuit, loin du jour, enfoncé dans le silence, à plus de mille pieds sous les tempêtes et les ressacs, je vivais là, au milieu des étincelantes ténèbres où nulle heure ne sonna jamais. Le coeur léger d'être sans souvenirs, il m'arrivait souvent d'abandonner à ses propres moyens d'existence mon insolite méditation.
A cheval sur la rampe de cuivre je descendais en vrille, dans l'étroit escalier, jusqu'aux demeures humides, tapissées de perles vivantes, où m'attendait ma pâle, ma douce jeune fille. Elle me disait : je t'aime, je t'aime... Et sa voix ressemblait aux fleurs qui poussent dans le sable. Puis, enlacés comme des amants de la terre, nous remontions sans bruit.
Mille poissons lumineux enfermaient notre amour dans le cercle magique d'une ronde d'étoiles. Certains venaient coller à la vitre une bouche à forme humaine ou des yeux ronds qui avaient le regard des bêtes mortes. Mais quand leurs nageoires effleuraient nos murs de verre, nous nous serrions un peu plus fort pour ne pas entendre s'élever en nous comme un lointain battement d'ailes. "
Extrait de "Mémoires de l'ombre", Marcel Béalu, 1947
Commentaires
Une œuvre d'art pour agrémenter un parking c'est assez rare pour être signalé. Il faut une volonté évidentet et un sens du partage artistique pour mettre en marche une telle création, surtout dans un parking ou c'est plutôt le côté pratique qui prédomine d'ordinaire.
C'est très beau, merci pour cette découverte !Je crois que c'est la première fois que j'ai presque envie d'apprendre à conduire ! C'est une si belle découverte, un parking artistique. Une "voix de garage", en quelque sorte...
Merci au regard affûté de Dame fée et à son insatiable curiosité. Cadeau, comme chaque fois.
J'aime beaucoup le noir et blanc, qui amène une aura de mystère à ce poème graphique, mais les approches en couleurs sont attirantes aussi.
Merci Pastelle.Une idée originale, une superbe création, une heureuse surprise pour les usagers du parking, mais je me demande si le but est atteint, je veux dire si l'oeuvre mène à la découverte du poète et de la poésie. Mais si c'est juste un clin d'oeil esthético-poétique dans un lieu rébarbatif qui était visé, c'est réussi.
C'est magnifique, de bas en haut comme de haut en bas. Petite préférence néanmoins pour de haut en bas et aussi pour la version nb. Bisous